Vous venez de recevoir votre certificat PEB et vous trouvez le rapport un peu léger — ou au contraire trop technique sans conseils exploitables ? Ce n’est pas étonnant : les règles ont évolué et, en Wallonie, le contenu attendu d’un PEB se complexifie pour mieux accompagner la rénovation énergétique, l’accès aux primes et la conformité aux exigences publiques.
Je vois souvent des propriétaires frustrés parce que leur certificat ne permet pas de :
- savoir précisément par quoi commencer,
- préparer une demande de prime,
- mesurer l’impact réel d’une rénovation.
Dans cet article je vous explique, de manière claire et pratique, quelles sont les nouveautés réglementaires et surtout ce que votre certificat PEB doit désormais intégrer pour être utile et conforme. À la fin, vous aurez une check‑list à remettre à votre certificateur et des conseils concrets pour tirer profit du document.
Développement
Pourquoi le contenu du certificat peb change ?
Plusieurs raisons expliquent ces évolutions :
- la volonté européenne et régionale de décarboner le parc immobilier, ce qui pousse à demander des informations plus fiables et exploitables ;
- la nécessité d’aider les ménages à prioriser les travaux pour éviter des dépenses inefficaces ;
- la digitalisation des données du bâtiment (logbooks, building passports) et l’articulation des certificats avec les dispositifs d’aide (primes, subventions).
Concrètement, ça signifie que le certificat PEB n’est plus seulement une étiquette à joindre à une annonce : c’est un outil d’aide à la décision. Il doit fournir des éléments techniques vérifiables, des scénarios de rénovation et des informations utilisables pour demander des aides en Wallonie.
Les éléments désormais essentiels dans votre certificat peb
Ci‑dessous les listes et éléments que je vérifie systématiquement sur le terrain et que vous devez exiger de votre certificateur.
1) informations administratives et validité
- Identité du bien (adresse précise, surface habitable retenue).
- Numéro d’enregistrement du certificat et coordonnées du certificateur agréé.
- Date de réalisation et durée de validité (le certificat PEB reste valide selon la réglementation en vigueur ; vérifiez la date d’émission et prévoyez une mise à jour si vous avez commencé des travaux).
- Mention explicite de la finalité (vente, location, demande de permis, audit).
2) bilan énergétique détaillé et lisible
- Consommation d’énergie finale et primaire (présentée par poste : chauffage, production d’eau chaude sanitaire, ventilation, éventuel refroidissement et éclairage).
- Classe énergétique (étiquette A à G) bien visible.
- Explication claire de ce que représente chaque indicateur (pourquoi la consommation est élevée, quels postes pèsent le plus).
3) données techniques et hypothèses utilisées
- Valeurs U retenues pour toitures, murs, planchers et menuiseries (ou hypothèses quand les mesures manquent).
- Rendements et performances prises en compte pour les équipements (chaudière, pompe à chaleur, chauffe‑eau).
- Type de ventilation (A, B, C, D) et débit supposé.
- Le certificateur doit indiquer les hypothèses qu’il a utilisées : si certaines zones n’ont pas été ouvertes, si certaines surfaces sont estimées, etc. Demandez l’annexe technique.
4) scénarios de rénovation hiérarchisés et simulations « après travaux »
- Un point clé des nouveautés : le certificat doit contenir au minimum une liste de mesures recommandées, ordonnées par priorité, avec :
- l’impact estimé sur la consommation / la classe énergétique,
- une fourchette de coût indicative,
- une indication sur l’éligibilité possible aux primes.
- Idéalement : une simulation PEB après travaux qui montre l’évolution de la classe si on réalise un ensemble cohérent de travaux (par exemple : isolation des combles + remplacement de la chaudière + ventilation).
5) indicateurs de transition et compatibilité aux énergies renouvelables
- Mention de la part d’énergie renouvelable existante (si panneaux solaires, capteurs solaires, chaudière biomasse…).
- Évaluation de la « readiness » du bâtiment pour une solution bas carbone (ex. facilité d’intégrer une pompe à chaleur ou des panneaux PV).
- Ces éléments facilitent l’accès aux aides ciblées pour la décarbonation.
6) qualité de l’air intérieur et ventilation
- Le certificat doit renseigner clairement le système de ventilation, son état apparent et les risques associés à une ventilation déficiente.
- Pour les rénovations importantes, les exigences concernant la ventilation sont de plus en plus pointues : si votre ventilation est inadaptée, le rapport doit recommander une remise à niveau.
7) étanchéité à l’air et ponts thermiques (selon l’ampleur des travaux)
- Pour les nouvelles constructions et les rénovations majeures, des résultats de tests d’étanchéité (blower‑door) sont souvent exigés.
- Le PEB doit détailler les hypothèses relatives aux ponts thermiques ou indiquer si des mesures complémentaires sont nécessaires.
8) traçabilité et format numérique
- Un bon PEB doit être fourni avec un dossier numérique (plans, photos, annexe technique) facile à archiver.
- La tendance réglementaire va vers l’intégration du PEB dans des fichiers numériques de bâtiment : conservez un format exploitable pour les démarches futures.
9) émissions de gaz à effet de serre (quand applicable)
- Certains dispositifs demandent un repérage des émissions (profil carbone). Si le certificateur calcule des émissions, il doit préciser les facteurs utilisés.
- Ça devient un argument important pour prioriser les travaux (réduire les émissions plutôt que seulement la consommation).
10) informations utiles pour l’accès aux aides wallonnes
- Le certificat doit indiquer quelques éléments pratiques pour les primes : quelles mesures sont souvent cofinancées, quelles preuves seront demandées après travaux (factures, certificats d’installation, attestations).
- Demandez au certifieur s’il joint des éléments facilitant une demande de prime (codes d’opération, qualification des entrepreneurs recommandés).
Comment vérifier que le certificat est complet ? (la check‑list à remettre au certificateur)
Avant la visite, imprimez et donnez au certificateur cette liste minimale :
- [ ] Preuves et plans fournis (plans, factures d’installations récentes, photos).
- [ ] Annexe technique avec toutes les hypothèses (valeurs U, rendements).
- [ ] Simulation « avant / après » pour au moins un scénario de rénovation cohérent.
- [ ] Liste de mesures hiérarchisées (priorité / coût / gain attendu).
- [ ] Indication des aides / primes possibles et documents requis.
- [ ] Mention du type de ventilation et recommandations associées.
- [ ] Format numérique du dossier et envoi du fichier final.
- [ ] Identifiant du certificateur et numéro d’enregistrement visible sur le document.
- [ ] Vérification de la présence d’une remarque sur la conformité aux exigences régionales en vigueur ou aux évolutions attendues.
Présentez-vous lors de la visite : fournissez les factures des travaux récents, montrez l’accès aux combles et aux chaufferies, et signalez les points sensibles (humidité, fissures, rénovations antérieures).
Cas vécu (exemple concret et crédible)
Mme L. possède une maison 1960 de 140 m² dans une commune wallonne. Son certificat PEB initial était une étiquette E, sans scénario détaillé. Résultat : elle ne savait pas par quoi commencer et a perdu du temps en recevant des devis non coordonnés.
Ce que j’ai recommandé et ce que le nouveau certificat a dû intégrer :
- visite complète avec mesures complémentaires dans les combles et la chaufferie ;
- annexe technique listant les hypothèses (isolation des murs non accessible, estimation des U-values) ;
- scénario priorisé :
- isolation des combles (+ commande d’un audit de l’étanchéité en cas de rénovation profonde) ;
- remplacement d’une vieille chaudière mazout par une pompe à chaleur air/eau ;
- installation d’un système de ventilation hygro‑régulé ;
- pose de panneaux photovoltaïques après la mise hors d’eau et la rénovation de la toiture.
- simulation « après travaux » montrant le passage potentiel d’un E vers un C (sans afficher de chiffres exacts dans cet exemple) et une baisse notable des postes chauffage/ECS.
- indication des primes wallonnes possibles et des justificatifs à conserver.
Bénéfice concret : Mme L. a pu prioriser ses travaux, demander des devis cohérents (un seul maître d’œuvre pour coordonner) et déposer une demande de prime avec le dossier PEB complet — ce qui a accéléré le montage financier.
Pièges courants à éviter
- Confier le PEB à un certificateur qui ne visite pas l’ensemble du bien (combles, cave, chaufferie). Sans visite complète, le rapport sera approximatif.
- Accepter un certificat sans annexe technique : vous n’aurez pas les données pour préparer un devis fiable.
- Oublier de demander une simulation après travaux : difficile d’évaluer l’efficacité d’un investissement sans comparaison.
- Confondre certificat PEB et audit énergétique : le PEB informe sur la performance et donne des recommandations. L’audit est plus approfondi (mesures, relevés, pré‑dimensionnements) et peut être nécessaire avant des travaux complexes.
- Négliger la ventilation : isoler sans corriger la ventilation peut entraîner problèmes d’humidité et de confort.
Mon conseil pratique pour commander votre certificat peb aujourd’hui
- Choisissez un certificateur agréé et demandez des références locales.
- Fournissez TOUS les documents disponibles : factures d’améliorations, plans, procès‑verbaux de travaux.
- Demandez explicitement une simulation « après travaux » et une annexe technique.
- Précisez que vous souhaitez un rapport structuré pour la constitution d’un dossier de prime (ça oriente le certificateur vers les éléments utiles).
- Si vous envisagez une rénovation à étapes, demandez que les recommandations soient hiérarchisées (court terme / moyen terme / long terme).
- Exigez la remise d’un fichier numérique et des photos commentées — ça facilitera les demandes d’aide et la communication avec les entrepreneurs.
Les évolutions réglementaires rendent le certificat PEB plus utile — à condition qu’il soit complet et exploitable. Aujourd’hui, un bon PEB en Wallonie doit intégrer non seulement une étiquette énergétique, mais aussi :
- des hypothèses techniques claires,
- des scénarios de rénovation priorisés avec des simulations après travaux,
- des informations sur la ventilation, l’étanchéité et la readiness aux énergies renouvelables,
- des éléments utiles pour monter un dossier de primes.
Ne vous contentez pas d’un document vague : exigez l’annexe technique, la simulation après travaux et la liste de mesures priorisées. Si votre certificat ne contient pas ces éléments, demandez un complément ou réalisez, le cas échéant, un audit énergétique plus approfondi.
Je peux vous aider à décrypter un certificat, vérifier qu’il contient bien ces éléments, et vous accompagner pour transformer le PEB en feuille de route pour vos travaux.
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